Faut-il suivre une formation pour devenir écrivain ?
On spoile tout de suite : il n’y a pas UNE réponse à cette question. Mais pour comprendre pourquoi, il faut avant tout bien saisir en quoi consiste le métier d’écrivain et analyser le parcours de ceux qui le sont devenus. On vous rassure : il existe bel et bien différents moyens de se former, sans que ce soit un passage obligé. On fait le point dans cet article.
Faut-il une formation pour devenir écrivain ?
Attention, vous lancez un débat houleux avec cette question.
« Le métier d’écrivain résulte juste du génie ! C’est l’inspiration qui guide tout ! »
« Bien sûr que non, il faut bûcher pour développer son style. Devenir auteur, ça s’apprend. »
En vrai, être écrivain, ça veut dire quoi ?
C’est quoi le métier d’écrivain ?
On l’appelle romancier, essayiste, dramaturge, poète, nouvelliste, biographe… L’écrivain crée des œuvres destinées à la publication – mais aussi à l’adaptation en spectacle vivant, en programme audiovisuel, etc. Il part tout d’abord d’une idée, puis fait ses recherches (parfois très longues) et enfin passe à la rédaction. Et c’est plié !
Enfin… presque ! En témoignent les milliers d’écrits inachevés qui attendent dans un dossier d’ordinateur ou dans un tiroir. Être auteur est une activité bien solitaire lorsque l’on se retrouve face à sa page blanche. Le métier d’écrivain demande rigueur, ténacité et organisation pour finalement coucher sur le papier une œuvre aboutie. Il faut donner naissance à un texte adapté à son public et se conformant à des obligations éditoriales précises (construction, longueur, délai de livraison).
L’écrivain s’attelle ensuite à d’autres tâches :
relecture et corrections, mise en page,
démarches pour contacter des éditeurs ou pour publier en auto-édition,
relations avec d’autres professionnels : graphiste, diffuseur-distributeur, etc.
participation à des salons et rencontres avec d'autres professionnels.
Un métier de passion qui est aussi une grande aventure personnelle et humaine !
Les qualités requises pour devenir écrivain
Il n’y a pas seulement la ténacité ou les connaissances du monde éditorial qui jouent un rôle dans la carrière d’un auteur. En effet, il est particulièrement important d’avoir de bonnes bases en écriture pour éviter les faux pas stylistiques. C’est, après tout, un vrai travail de rédaction, qui exige cohérence, créativité, curiosité, analyse, facilité à prendre du recul et une certaine sensibilité littéraire. Rien que ça !
Un cocktail de compétences qui permet de créer une œuvre passionnante et captivante. Et à force d’écrire et d’essayer, l’écrivain finit par trouver son propre style.
Les auteurs connus ont-ils eu besoin d’une formation pour devenir écrivain ?
La plupart des écrivains connus sont, en effet, passés par une phase d’apprentissage. Mais il ne s’agit pas toujours d’une “formation” comme on l’entend aujourd’hui.
À quel âge devient-on vraiment un écrivain qui réussit ?
La majorité a commencé très tôt cet apprentissage de l’écriture avant de connaître la célébrité : Molière a fondé sa troupe de théâtre à 21 ans. Avant Les Fleurs du Mal, Baudelaire a longtemps publié des textes de critiques d’art ou des traductions d’Edgar Allan Poe. Stendhal, lui aussi, a commencé par les ouvrages critiques (musique et peinture). Son premier succès, Le Rouge et le Noir, ne paraît qu’à ses 47 ans ! Andrea Camilleri et ses romans policiers se sont aussi fait connaître sur le tard : l’auteur avait 57 ans lors de sa première publication.
Cela ne signifie pas qu’on ne peut pas trouver le succès tôt : c’est plutôt la preuve qu’il n’y a pas de trajectoires toutes tracées. Raymond Radiguet a eu droit à une réussite fulgurante avec Le Diable au corps, publié l’année de sa mort, alors qu’il n’avait que 20 ans. Marie Ndiaye avait 17 ans lors de la publication de Quant au riche avenir.
Le moment précis où un écrivain devient un auteur publié connu reste une variable inconnue. Il n’est jamais trop tard… à moins de jamais s’y mettre !
Notre environnement joue-t-il un rôle sur notre succès en tant qu’écrivain ?
Aux XIXe et XXe siècles, un schéma est récurrent : ceux qui étaient “bien nés” (indépendance économique, connaissances des codes de l’édition) avaient un avantage considérable sur les autres. Ils bénéficiaient d’une meilleure éducation dès l’enfance, et d’un environnement culturel bien plus riche.
Ceux qui n’avaient pas cette chance ont dû trouver un autre métier pour laisser leur plume s’exprimer. Louis-Ferdinand Céline était médecin, Paul Claudel diplomate, Alain Robbe-Grillet ingénieur agronome, Rousseau valet de chambre, Voltaire et Balzac clercs de notaire. Certains ont quand même eu la chance de bénéficier de bourses ou de mécènes, comme Arthur Rimbaud.
Il y avait aussi une catégorie d’auteurs qui travaillaient dans l’ombre en correction, journalisme ou édition : une autre façon d’aiguiser leur sensibilité littéraire. Émile Zola était responsable de publicité chez Hachette avant de devenir le grand auteur des Rougon-Macquart. Disons qu’il lui a fallu une « période de maturité » pour trouver son style !
Aujourd’hui, dans notre monde contemporain, les cartes sont redistribuées et le savoir est à la portée de tous. Être curieux, à aller de l’avant, faire des rencontres, échanger et vivre de nouvelles expériences, sont de vrais atouts pour être un écrivain inspiré et inspirant.
Nos auteurs contemporains ont-ils eu besoin d’une formation pour devenir écrivain ?
Il y a autant de parcours que d’écrivains ! Parfois, certains travaillent ou ont travaillé dans un tout autre domaine : Virginie Despentes chez Peugeot ou Diana Gabaldon en tant que chercheuse scientifique par exemple. Chuck Palahniuk, lui, a commencé l’écriture avec des manuels de réparations pour camion !
De nombreux auteurs ont toutefois baigné dans le domaine littéraire ou l’enseignement :
Samantha Bailly a par exemple suivi un parcours classique de littérature, puis des études en édition,
Anna Gavalda a fait une prépa littéraire avant de devenir professeure de français,
Stephen King a suivi quelques ateliers d’écriture et a obtenu un certificat d'enseignant en anglais. Mais, faute d’emploi, il a fini par habiter dans une caravane avec sa famille, en travaillant dans une laverie, puis quelque temps comme professeur d’anglais dans le secondaire. C’est à ce moment-là qu’il a rédigé les manuscrits de Blaze et de Running Man, refusés par les éditeurs. Puis il a écrit son tout premier best-seller, Carrie.
Existe-t-il des formations pour devenir écrivain ?
En France, ce n’est que depuis une dizaine d'années que l’on voit fleurir des formations et des cursus diplômants dans l’écriture créative. Dans les pays anglo-saxons, rien de plus naturel que de suivre des ateliers de creative writing. Mais cette culture d'une écriture qui s’étudie et qui s’apprend a mis du temps à arriver chez nous.
Il faut dire que les lettres françaises s’enorgueillissent de “monstres de la littérature” comme Victor Hugo, Jules Verne, Gustave Flaubert… L’inspiration et le génie créatif ont alors bon dos ! Ces auteurs sont avant tout des travailleurs forcenés, épluchant encore et encore leurs écrits : mais on retient juste d’eux qu’ils ont ce truc, une sorte de talent inné.
Pour bien écrire, il faut pourtant se nourrir intellectuellement et comprendre tous les rouages d’une narration efficace. Même si certains ont quelques facilités, ça peut aussi s’apprendre, dans une certaine mesure. Mais alors, quelles formations suivre pour devenir écrivain ?
Les formations en ligne pour devenir auteur
Si on met de côté les cursus permettant de faire des métiers plus classiques, comme correcteur ou écrivain public, on trouve quand même des formations pour aiguiser sa plume d’auteur – notamment en écriture de fiction. Certains organismes sont reconnus, comme LICARES ou Sunshine. Ils proposent à de rares occasions des plans de financement : CPF, OPCO…
De nombreux auteurs ou sociétés spécialisées en édition se sont eux aussi mis à promouvoir des formations en ligne. Parfois, un accompagnement complet est proposé : idéal pour être guidé de A à Z. Et à d’autres moments, il s’agit juste d’une simple plateforme d’e-learning pour apprendre en autonomie.
Les études et diplômes pour devenir écrivain
Il n’y a pas de formation unique pour devenir écrivain, mais un éventail de possibilités pour ceux qui voudraient faire des études supérieures dans ce domaine, notamment en suivant un cursus universitaire.
Si vous envisagez ce type de voie, des licences généralistes en littérature ou, plus généralement, en sciences humaines, vous permettront d’élargir vos horizons et d’acquérir une certaine rigueur de travail : lettres modernes, information-communication, histoire de l’art, philosophie, sciences du langage…
En poursuivant plus loin vos études, vous pourrez accéder à des masters spécialisés en création littéraire, sur dossier. Ils permettent de se former aux techniques d’écriture, d’aborder le monde de l’édition et, parfois, d’animer des rencontres littéraires ou des ateliers d’écriture.
Master Fabli, Fabrique de la littérature (Limoges)
Master Création littéraire parcours Métiers de l'écriture (Toulouse)
Master Métiers de l'écriture et création littéraire (Cergy)
Master Lettres et création littéraire (Clermont)
Master Création littéraire (Paris 8, Le Havre)
Master Mention Art, Lettres et Civilisation, parcours Écritures créatives (Valenciennes)
Vous pouvez aussi viser des diplômes dans les métiers de la librairie, de l’édition, de la communication, du journalisme ou des bibliothèques pour mettre un premier pied dans l’univers du livre et de la rédaction.
Ce type de parcours académique n’a pas vos faveurs ? Vous ne souhaitez pas reprendre vos études ou faire une reconversion ? Il y a une autre possibilité.
L’auto-formation pour devenir écrivain
Nous partons d’un constat simple : pour devenir écrivain, il faut écrire. La meilleure des formations possibles est donc de se mettre directement à écrire et de se perfectionner.
C’est le principe de l’auto-formation, ou la formation en continu :
lire, lire et encore lire pour trouver de l’inspiration et découvrir de nouvelles façons d’écrire,
réaliser des bêta-lectures afin d’exercer votre sens de l’analyse et votre œil critique,
participer à des concours d’écriture ou à des concours de nouvelles qui vous permettront d’avoir un retour sur vos écrits - comme le Prix du Jeune Écrivain ou Les Murmures littéraires,
suivre des ateliers d’écriture, en distanciel ou en présentiel,
rejoindre une communauté d’auteurs en ligne (forum, association) pour partager et avoir des retours d’expériences,
participer à des challenges tels que le NaNoWriMo pour vous surpasser.
En conclusion, il n’y a pas de parcours type, ni de formation parfaite pour devenir écrivain : tout dépend de vos envies de carrières et d’études, de vos besoins et de vos préférences. De nombreuses voies sont possibles et le succès arrive parfois de manière inattendue !
Notre meilleure recommandation ? Ouvrir son logiciel d’écriture préféré et commencer à taper les mots de son prochain livre. Tous les auteurs, même les plus grands, sont passés par là !
