5 astuces pour bien raconter une histoire

5 astuces pour bien raconter une histoire

« J'écris non pas pour raconter des histoires, mais pour construire des histoires. »

Ce qui démarque Orhan Pamuk (prix Nobel de littérature à Stockholm le 7 décembre 2006) est sûrement sa manière de composer ses récits et de penser sa narration comme un outil.

Comment réussir à écrire de la fiction de manière efficace, et à faire plonger le lecteur dans l'univers qu'on a créé pour lui ? Quel fascinant moment que celui où ce dernier bascule tête la première dans votre récit pour vivre avec vos personnages ! Voici nos 5 recommandations pour y parvenir.

1. Améliorer son écriture en rythmant votre récit

En tant que lecteur, nous sommes certains qu’il vous arrive de craquer pour un roman policier trépidant. Puis, à d’autres moments, vous optez plutôt pour un roman plus contemplatif, qui « prend son temps ». Le rythme du récit est un élément central dans votre écriture : à vous de choisir le tempo selon l’effet voulu. En tant qu’auteur, vous devez avoir conscience que chaque genre (mais aussi chaque lecteur) a son propre rythme. Il ne faut donc pas s’attendre à plaire à tout le monde.

Le rythme de votre texte va s’incarner dans le détail de vos phrases. Par exemple, de longues descriptions du point de vue du narrateur lors de la découverte d’un nouveau lieu, ou bien une rythmique syncopée et presque sonore ou irrégulière pour traduire la panique. N’hésitez pas à raccourcir vos phrases pendant les scènes d’action pour tenir vos lecteurs en haleine.

À l’échelle de votre récit, ce rythme prendra également vie dans le décalage entre le moment où arrive un événement, et celui où le narrateur le raconte. Flash-back, résumé, ellipse, scènes “en direct” : ce sont autant d’outils à votre disposition pour faire varier le rythme au sein même de votre histoire. Si votre histoire alterne les points de vue entre les personnages, une technique souvent utilisée consiste à laisser en suspens plusieurs arcs en même temps. Par exemple, quand un de vos personnages se retrouve dans une situation compliquée, au lieu de résoudre tout de suite la situation, vous l’abandonnez à son sort pendant un temps indéterminé pour passer au point de vue d’un autre personnage.

Cet effet fonctionne particulièrement bien quand les différents arcs augmentent simultanément en intensité, mais attention à ne pas en abuser, ou vous risquez de frustrer votre lecteur au lieu de le captiver.

2. Raconter une histoire exige de rester cohérent et crédible

On a tous déjà vécu ce moment d’incompréhension quand un personnage fait une action étrange ou qu’il revient à la vie de manière abracadabrantesque (les scénaristes de Prison Break s’en sont fait une spécialité). La cohérence et la crédibilité sont le ciment de votre récit : c’est ce qui lie chacune de vos péripéties, chacun de vos arcs narratifs.

Être crédible, ça commence par être en accord avec l’Histoire et éviter les anachronismes : une télévision en 1880, c’est difficile à croire. La géographie et le temps des déplacements entre deux lieux sont également importants.

Il faut également être attentif à l’écriture des personnages. Il est normal qu’ils évoluent au fil de votre récit quand vous racontez une histoire, leur histoire. Mais un auteur doit maintenir une certaine régularité. Votre personnage ne peut pas passer d’une personnalité calme à une propension à l’agressivité sans une bonne raison derrière ! Une bonne habitude est de créer des fiches de personnage. Décrivez leurs personnalités, leurs qualités, leurs défauts (ce sont les défauts qui rendent humain), leurs traumatismes, leurs plus grandes fiertés, ce à quoi ils aspirent et comment ils font pour y arriver.

Non seulement cela apportera une profondeur naturelle à votre histoire, mais c’est un exercice très amusant à faire ! Bien sûr, ne passez pas trop de temps à rédiger la vie complète de Robert le balayeur, qui n’apparaît qu’au 17ème chapitre pour sortir sa seule réplique du roman.

3. Le travail sur les émotions est primordial

Une bonne narration nous fait vivre des émotions. Le lecteur veut tomber amoureux, espérer, craindre, être effrayé, avoir le cœur battant, se sentir apaisé : l’identification avec les personnages est capitale pour bien raconter une histoire. Dans un récit, ça fait toute la différence et c’est ce qui nous donne envie (en partie) de ne pas décrocher de l’histoire. Au fond, on ne veut pas bêtement connaître la fin du récit : on veut savoir quelle est la fin de l’histoire pour les personnages. Que va-t-il leur arriver ?

Pour parvenir à bien exprimer les émotions, il est important de trouver un équilibre. Quand on débute, on se contente souvent d’écrire directement le sentiment ressenti : « ll est triste ». Mais si on suit le principe d’écriture Show, don’t tell (Montre, ne dis pas), l’émotion devient tout de suite plus vivante et incarnée : « Les larmes lui montent aux yeux. »

Toutefois, il faut aussi savoir utiliser les bons mots sans tourner autour du pot. La langue française compte 100.000 mots à votre disposition, utilisez-les ! Soyez le plus fin possible dans la description de vos émotions et évitez les termes généralistes. Des mots comme « euphorique », « ravi » ou « épanoui » vous permettront de mieux cibler et partager une émotion qu’un terme plus classique comme « heureux ».

Un dictionnaire de synonymes est l’outil idéal pour retrouver ce fameux mot qui traîne au bout de la langue… et améliorer son vocabulaire au passage.

4. Utiliser tous les sens pour rendre l’histoire immersive

Le fameux épisode de la madeleine de Proust, quand le narrateur revit avec force un souvenir enfoui en goûtant à nouveau à ce fameux gâteau trempé dans du thé, est une vraie leçon d’écriture sur les sens.

On explique assez facilement ce qu’il y a à voir, parfois à entendre. Certains auteurs ont même un style d’écriture « cinématographique », et décrivent l’action comme à travers une caméra imaginaire. Mais n’hésitez pas à explorer tous les sens pour rendre votre narration plus immersive. Après tout, contrairement au cinéma, vous n’êtes nullement limité par une contrainte de cadre. Le toucher, la sensation de froid ou de chaud, l’équilibre et le déséquilibre (proprioception), l’odorat, la douleur physique… Les seules limites sont celles de l’imagination !

Bien que le style de Marcel Proust s’étende sur des paragraphes qui font parfois la taille de pages, il est plus important de viser juste que d’en faire trop. La longueur d’une description ajoutera de la richesse à une émotion, mais il ne faut pas tomber dans le piège de la paraphrase. Chaque phrase doit apporter quelque chose.

5. Le périlleux exercice des dialogues

Les dialogues, on les adore quand on les lit autant qu’on peut les appréhender quand on les écrit ! Dans une fiction, ils sont pourtant indispensables pour avancer dans l’histoire, instaurer du rythme et mieux comprendre les relations entre les personnages.

Nous avons tous une façon différente de parler, et c’est également le cas de vos personnages. Un professeur, un élève ou un criminel tout juste échappé de prison ne vont pas s’exprimer de la même manière. Variez le niveau de langage selon le locuteur, cela le rendra plus « réel ».

Rédiger un dialogue demande à rentrer dans la peau du personnage qui parle. D’une certaine façon, être écrivain, c’est être acteur, mais en jouant tous les rôles dans sa tête. Il faut incarner le personnage, ressentir ses émotions. Une fois que vous êtes devenu cette personne, il n’y a plus qu’à laisser sa bouche s’exprimer par votre plume.

Les dialogues aussi doivent apporter quelque chose au récit. Un dialogue qui n’apporte rien sera un dialogue ennuyant. Laissez de côté les échanges sur la météo des deux voisins, concentrez-vous plutôt sur l’interrogatoire de ce prisonnier qui semble en savoir plus que prévu…

Enfin, les dialogues sont un excellent vecteur d’émotions. Ajoutez des détails entre les répliques, ou même pendant les répliques, pour les plus longues d’entre elles. Un dialogue, c’est vivant : des émotions naissent, d’autres meurent — racontez-les ! Ici aussi, le vocabulaire vous permettra de briller : évitez les « dit-il » et favorisez plutôt des mots comme « s’esclaffer », « rechigner », « bougonner », etc. Votre meilleur ami le dictionnaire de synonymes sera toujours là pour vous aider.

En français, on utilise les guillemets pour indiquer un dialogue, « comme ceci », ou bien le tiret cadratin — celui-là. Attention à ne pas utiliser le tiret simple, qui est réservé pour les mots composés. Bon à savoir : les logiciels d’écriture spécialisés permettent souvent de générer un tiret cadratin en tapant deux tirets à la suite !

Ces quelques conseils devraient vous aider à rédiger un récit efficace et rythmé pour mieux captiver vos lecteurs. Vous n’êtes pas encore à ce stade de votre écriture ? Découvrez les 5 étapes pour écrire un roman.

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Elodie Poivert

Plume de Talers.

Tellement fan d’Harry Potter qu’elle a appelé sa fille Hermione 🪄

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