Salaire d’écrivain : toutes les réponses à vos questions
Peut-on vraiment vivre de sa plume ? Nous savons que cette question vous intrigue énormément et c’est totalement légitime. Le métier d’auteur est déjà très épanouissant à titre personnel : c’est une passion qui libère votre créativité. Mais l’idée de transmettre ses intrigues et aventures, d’embarquer des lecteurs dans votre univers ou de raconter les histoires d’autres personnes est aussi une démarche altruiste et généreuse. Sans détour ni langue de bois, on vous explique dans cet article s’il est possible de vivre de l’écriture (et si oui, comment) en faisant toute la lumière sur l’écrivain et son salaire.
Combien gagne un auteur à succès ? Et quel est le salaire d’un écrivain lambda ?
Dans le parcours traditionnel d’un écrivain qui serait publié par une maison d’édition classique, nous préférons être honnêtes : pour une immense majorité d’auteurs, l’écriture n’est pour eux qu’un faible revenu. Selon Glassdoor, leur rémunération actuelle serait de 1060 € par mois avant paiement des charges et des impôts. Une valeur à prendre avec des pincettes, car elle semble considérer que les auteurs affiliés à l’AGESSA (la sécurité sociale des artistes-auteurs) qui ne regroupe pas la totalité des écrivains et n’est ouverte qu’à ceux touchant plus de 10 000 euros par an.
Bien sûr, une poignée d'écrivains a droit à de belles success stories qui font rêver : J. K. Rowling et ses 92 millions de dollars en est l’exemple ultime. En France, les écrivains les mieux payés gagnent entre 1 et 3 millions d’euros. Ce sont des noms bien connus comme Michel Bussi, Guillaume Musso, Aurélie Valognes ou encore Marc Lévy. Les places sont chères pour être auteur à plein temps et dégager un salaire d’écrivain digne de ce nom.
Comment fonctionnent les droits d’auteur ?
Comment se paye un auteur ? Combien touche-t-il par livre vendu ? On parle de “salaire d’écrivain”, mais le terme est en réalité inexact. En effet, il s’agit bien d’une rémunération, mais sous forme de droits d’auteur. Et ces derniers se négocient dans le contrat avec la maison d’édition.
Le montant des droits d’auteur
Généralement, pour ses premiers ouvrages, un auteur touchera directement entre 6 et 15 % du prix de vente du livre, parfois moins. Le reste revient au libraire, au diffuseur-distributeur (celui qui place le livre dans les librairies), à l’imprimeur, à l’éditeur et à l’État (la TVA).
Ce pourcentage de droits d’auteur peut augmenter selon le nombre d’exemplaires vendus. Par exemple : 6% jusqu’à 3 000 exemplaires vendus, puis 7% entre 3 001 et 6 000 exemplaires, 8% entre 6 001 et 7 000, etc. Toutefois, un premier roman ne se vend qu’entre 600 et 700 exemplaires en moyenne (source : Écrire un roman : les trucs qui marchent d’Isabelle Meyer).
Qu’est-ce qu’un à-valoir ?
À la signature du contrat, l’auteur n’a pas besoin d’atteindre ses premières ventes pour toucher une rémunération : il dispose d’un à-valoir, souvent compris entre 1 000 et 3 000 euros. Ce n’est cependant pas systématique : un tiers des auteurs n’en toucherait pas du tout (baromètre des relations auteurs-éditeurs, SCAM/SGDL 2023)
Cet à-valoir est comme une avance sur vos droits d’auteur. Si vous vendez moins d’exemplaires que prévu, vous conserverez normalement ce montant dans sa globalité – cependant, vérifiez bien les petites lignes des contrats d’édition pour éviter les mauvaises surprises !
Si, au fil du temps, vos ventes vous permettent de toucher plus de droits d’auteur, ils vous seront alors versés chaque année, au moment de faire les comptes. Cela s’appelle la reddition des comptes. Cette démarche permet de faire le point entre le nombre de livres réellement vendus (“nets de retours” de leur petit nom) et le nombre de livres retournés par les libraires. Depuis 2022, cette reddition se fait tous les six mois et vous pouvez alors espérer être payé semestriellement.
Contrat d’édition : y a-t-il d’autres revenus que les droits d’auteur ?
Un auteur édité peut aussi percevoir d’autres revenus, perçus grâce à ses droits dérivés : prêt en bibliothèque, adaptation audiovisuelle ou théâtrale, etc. Nous espérons sincèrement que votre histoire sera adaptée pour devenir le prochain blockbuster américain (si c’est votre objectif), mais cette situation reste assez rare !
La vraie réalité du salaire d’un écrivain : comment vivre de sa passion ?
En multipliant les casquettes ! C’est cette réponse qui est généralement la plus proche de la réalité. Pour 65 % des écrivains, les droits d’auteur représentent moins d’un quart de leurs ressources annuelles (baromètre 2023 des relations auteurs/éditeurs).
Un auteur peut tout à fait exercer un métier qui n’a strictement rien à voir avec l’écriture pour compléter ses revenus. Mais il est aussi possible d’avoir des activités en lien avec votre passion :
animateur d’atelier d’écriture,
intervention dans des établissements (scolaires par exemple) en tant qu’auteur,
écrivain public,
coach en écriture,
correcteur ou relecteur,
rédacteur web,
pigiste,
etc.
Vous voulez être auteur à temps plein en vivant à 100 % de la publication de vos livres ? Une autre voie est possible pour y parvenir.
Salaire d’écrivain : combien gagne-t-on en auto-édition ?
Point positif de l’auto-édition : traditionnellement, vous touchez, en plus des droits du type “droits d’auteur”, des “droits d'exploitation”, puisque vous ne cédez pas ces derniers à une maison d’édition. Là encore, attention aux petites lignes des contrats que vous seriez prêt.e à signer avec des maisons d’édition à compte d’auteur… !
Ce que vous touchez réellement en auto-édition
Vous recevrez ce qu’on appelle des redevances nettes perçues. Mais cela ne représente pas la totalité du prix de vente de votre livre. A minima, vous devrez en effet verser la TVA (5,5 %). Si vous vendez sur des librairies en ligne comme Amazon KDP, la plupart prennent une commission de 30 % minimum.
Vous ferez peut-être également appel au départ à un correcteur, un graphiste pour la mise en page, un illustrateur pour la couverture. Attention à bien spécifier dans votre contrat avec l’illustrateur que ce dernier vous donne les droits de reproduction de son œuvre, et n’oubliez pas de mentionner son nom !
Après tout ça, vous pourrez espérer toucher jusqu’à 50 % du prix public hors taxe de votre livre. Cette somme est payée tous les mois, ou tous les trimestres si vous utilisez une plateforme comme Librinova par exemple.
Les dépenses supplémentaires de l’auto-édition
Il y a encore des éléments à prendre en compte :
Le livre est imprimé ? Il faudra payer l’imprimeur ce qui représente entre 10 à 30 % du prix du livre.
C'est à vous de faire la promotion de votre livre, ce qui demande à la fois du temps et de l'argent (publicité par exemple). Si vous avez choisi d'imprimer votre livre, il existe des diffuseurs-distributeurs qui placent votre ouvrage en librairie et gèrent les relations presse notamment. Le diffuseur revient généralement à 5 % du prix de votre livre et le distributeur environ 20 %.
Pour ou contre l’auto-édition quand on veut se verser un salaire d’écrivain ?
L’auto-édition, ce sont bien souvent des ventes aléatoires, qui dépendent beaucoup de votre audience et de votre implication dans votre propre communication d’auteur. Mais c’est aussi un formidable levier pour être repéré par des maisons d’édition classiques et se faire publier par la suite. Les succès existent aussi en auto-édition et certains écrivains peuvent recevoir des redevances de plusieurs dizaines de milliers d’euros.
Faire monétiser vos écrits en ligne
Si vous publiez sur des plateformes comme Wattpad ou Neovel, il est possible de vous faire payer par vos lecteurs. Ces derniers devront dans ce cas, si tel est votre choix, mettre la main à la poche pour accéder à certaines de vos histoires ou de vos chapitres. Pour l’instant, si vous publiez en français, ce programme n’est disponible sur Wattpad que sur invitation, car il est en test depuis 2019.
Mais cette fonctionnalité est déjà mise en place sur Neovel : ici, le lecteur paie en s’abonnant, en regardant des publicités ou en achetant directement l’accès à un chapitre.
Vivre de sa plume, c’est possible. Particulièrement si vous êtes très investi, ou si vous choisissez de faire une activité annexe en complément. Hormis quelques exceptions, le salaire des écrivains est faible. Mais au vu du nombre de manuscrits reçus par les maisons d’édition ou publiés en ligne chaque jour, cela est loin de freiner l’inspiration des auteurs !
